Coronavirus : la nature est une garce, Nicolas Hulot !

Jérôme Godefroy
4 min readMar 23, 2020

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« Nous recevons une sorte d’ultimatum de la nature ». BFMTV a fait sortir Nicolas Hulot dans le jardin de sa maison de Saint-Lunaire (Ille-et-Vilaine) pour qu’il profère cette ânerie, précédée du verbiage vaseux anti-capitaliste dont le petit Savonarole écolo a le secret. Tout la philosophie de l’écologie repose sur le mythe d’une nature douce et aimable. Face à tant de bonté et de pureté, le genre humain serait l’affreux pollueur qui détruit un monde parfait. Rien n’est plus faux. Et ce coronavirus vient brutalement nous en apporter la démonstration.

Ce virus est une publicité très négative pour la nature, réputée si douce et si bonne. On chercherait en vain une cause humaine à cet énorme défi sanitaire. Le Coronavirus est 100% bio et naturel. Il vient d’un animal sauvage. Ce n’est pas un produit chimique. Il va nous faire regretter les pesticides, les OGM et les centrales nucléaires !

J’ai entendu quelques écolos se plaindre que le réchauffement climatique faisait fondre le permafrost en libérant des germes endormis depuis des millénaires. Ce qui prouve seulement que ces saloperies attendait le moment propice pour nous attaquer.

L’écologie est largement une croyance qui repose sur le mythe judéo-chrétien du Paradis Terrestre. Et Nicolas Hulot est le prophète hagard, parmi beaucoup d’autres, de ce dogme panthéiste et culpabilisant. Il y aurait eu, selon ce mythe, un moment sublime où tout était parfait : l’air était pur, la végétation luxuriante, les animaux paisibles et bien portants. C’est une légende verte.

Cet instant idéal n’a jamais existé, sauf dans les premiers chapitres de la Bible, ceux de la Genèse. Cette Bible nous raconte aussi que tout s’est gâté avec l’arrivée d’Adam et Eve qui ont, par leur seule présence, corrompu ce Paradis Terrestre. Le discours écologiste reprend ce scénario : la nature a été dégradée par les êtres humains. Nous sommes coupables.

La réalité est très différente. Après le Big Bang (il y a 13,8 milliards d’années), la Terre est apparue (il y a environ 4,5 milliards d’années). La Terre a été très longtemps une planète invivable et particulièrement menaçante. Très loin du Paradis Terrestre. Plusieurs branches d’hominidés ont tenté une percée. Une seule a réussi à se maintenir jusqu’à aujourd’hui. C’est la branche Homo sapiens, la nôtre.

Il ne fait pas croire que ça été une partie de plaisir. Homo sapiens émerge il y a environ 300.000 ans. Des débuts difficiles et chaotiques. Mais ce mammifère est doué d’une intelligence supérieure que lui permet de se reproduire, de se déplacer et de vaincre les énormes difficultés qui concourent à sa perte.

Homo sapiens est une espèce très minoritaire, un groupuscule qui finit par grandir, non pas dans la volupté d’une nature accueillante mais contre une nature profondément hostile et dangereuse. Homo sapiens résiste aux changements climatiques brutaux, aux cataclysmes, aux attaques physiques des autres espèces plus puissantes, au froid, au chaud, à la sécheresse, à la faim.

La Nature n’a jamais proféré d’ultimatums, comme dit Hulot. Elle a constamment attaqué l’espèce de mammifère que nous sommes. Elle l’a décimée, en particulier par des épidémies qui n’ont rien à voir avec la méchante mondialisation et l’affreuse globalisation dénoncées par Hulot ou par la jeune Greta Thunberg. Celle-ci par chance se fait plutôt discrète, à la faveur de cette crise sanitaire. Jamais le confinement n’a été aussi utile.

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Non, la mondialisation et la globalisation ne sont pas responsables de la pandémie actuelle. Le grippe dite « espagnole »de 1918–19 s’est développée et a fait environ 50 millions de morts dans un monde où les frontières étaient cadenassées, les économies quasi-autarciques et les échanges commerciaux très limités. Même chose pour la peste de Justinien qui ravagea le bassin méditerranéen, pendant plus de deux siècles, entre 541 et 767 après JC. Quand elle a atteint Constantinople, elle faisait 10.000 morts par jour. A cette époque, le mondialisation n’existait pas.

A l’heure où j’écris dans la réclusion ces lignes, un milliard d’êtres humains sont confinés. Ce nombre colossal va croitre dans les prochaines semaines. L’humanité traverse un épisode unique et sans doute historique. Les gémissements écologiques et les diatribes anti-capitalistes ne nous apporteront pas de solution.

Que Nicolas Hulot aille se laver les mains. Ce sera son geste le plus utile.

Jérôme Godefroy (mars 2020)

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Written by Jérôme Godefroy

Ancien speaker à la TSF. Né sous Vincent Auriol.

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