Greta Thunberg, la Minou Drouet écolo
« Tous les enfants sont poètes, sauf Minou Drouet. » La sentence assassine de Jean Cocteau à l’égard de Minou Drouet trouve un étrange écho aujourd’hui dans le parcours singulier d’une autre enfant portée au pinacle : Greta Thunberg.
Minou Drouet devint une sensation après la publication chez Julliard d’un premier recueil de poèmes en 1955. Minou Drouet avait 8 ans. On s’extasia. L’année suivante, la fillette récidiva avec un deuxième recueil au titre précocement écolo : « Arbre, mon ami ». Greta Thunberg n’était pas encore une petite graine dans le ventre de sa maman suédoise mais elle aurait pu préfacer l’opuscule de Minou Drouet. On s’extasia encore. Le pape Pie XII reçut l’enfant poète au Vatican. Aujourd’hui, c’est le pape François qui reçoit Greta, la Minou Drouet de l’écologie.
Dans les années 50, tandis que Minou Drouet était exhibée comme une bête de foire jusque sur la scène de la Scala de Milan, on s’interrogeait sur l’authenticité de ses écrits. Les détracteurs étaient conspués aussitôt pour avoir osé mettre en cause une enfant qui avait failli devenir aveugle. Le handicap comme bouclier. Il est aujourd’hui malvenu de s’interroger sur les fondements de l’engagement de Greta Thunberg car, ce faisant, on raillerait le syndrome d’autisme Asperger dont la petite scandinave est atteinte.
Il faut donc s’incliner avec respect devant cette gamine de 16 ans qui rencontre Emmanuel Macron ou Barack Obama en conservant son petit visage triste, invariablement crispé, serti de ses nattes. Greta, c’est la Cosette du dérèglement climatique ou plus exactement, c’est Bernadette Soubirous : elle a vu l’apocalypse au fond d’un grotte nordique. Depuis on s’agenouille face ses lubies. Des nuées d’adolescents subjugués par ses abjurations aéronautiques rechignent à prendre l’avion. Le vendredi, suivant les préceptes de Greta, ils déambulent dans les rues avec des pancartes au lieu d’aller en cours.
Il y a chez cette jeune fille un mélange de Cassandre ou de Savonarole, au service d’un discours catastrophiste, un millénarisme païen enraciné dans la mauvaise conscience occidentale.
Peu importe si Greta débite avec aplomb des fadaises éculées. On oublie aussi qu’elle est approchée par des affairistes peu scrupuleux, empressés de capitaliser sur la notoriété de la gamine pour faire prospérer le «greenwashing». Que dire aussi de ses parents qui encouragent cet étrange culte de la personnalité ? Greta boude l’école pendant un an pour « sauver la planète ». Il faut se pâmer.
Greta bénéficie d’un quadruple bouclier qui interdit toute critique la concernant, sous peine de passer pour un salaud intégral : jeune+femme+autiste+écolo. Partant de là, elle est inattaquable.
L’écologie est un sujet trop sérieux pour être confié à des enfants perturbés. L’urgence climatique est une réalité. Il n’y a plus que Donald Trump pour en douter encore. Mais par pitié, laissons parler les grandes personnes, celles qui ont étudié la question et qui proposent des solutions, pas des jérémiades.
On a beaucoup régressé depuis René Dumont qui lança en 1974 la première candidature écologique à une élection présidentielle en France. Dumont avait 70 ans et derrière lui une longue expérience scientifique d’ingénieur agronome et d’homme de terrain. Dumont qui était indulgent aurait sûrement conseillé de terminer ses études et de revenir avec des solutions, pas des slogans.
Jérôme Godefroy(Juin 2019)