La liste de mes envies post-pandémiques

Descendre de chez moi pour manger le plat du jour dans le bistrot au coin de la rue.

Entrer dans un musée et tomber sur une exposition qui m’enchante et que je ne n’avais pas prévu de voir.

Ouvrir les yeux dans une chambre d’hôtel dans une ville lointaine avec la perspective de m’y perdre et de la découvrir.

Voir des photos dans les églises ou les palais décrépis dans la moiteur estivale de la ville d’Arles.

Faire ma valise, prendre un taxi, subir les contrôles à l’aéroport, regarder par le hublot le tarmac qu’il s’éloigne et se poser quelques heures plus tard dans un ailleurs inconnu.

Revoir des amis sans histoire, sans crainte et sans gel hydroalcoolique.

Sortir ravi d’un cinéma après avoir vu un film improbable mais merveilleux, surtout si “Télérama” l’a détesté.

Parcourir des kilomètres en Italie, de ville en village.

Ecouter un concerto pour piano de Mozart dans une belle salle bruissante de contentement.

Voir les hôpitaux presque déserts, des médecins et des personnels soignants désoeuvrés et leur demander s’ils ne s’ennuient pas trop.

Ne plus voir d’experts autoproclamés de tout et n’importe quoi à la télé.

Me promener sans but et regarder les gens sur Union Square, Washington Square et dans Central Park.

Entendre les jeunes parler d’avenir et les vieux se réjouir du présent.

Revoir la bouche des gens en espérant qu’ils vont sourire.

Vivre.

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Jérôme Godefroy (janvier 2021)