La sagesse et la dignité de Samantha Geimer face à la haine contre Polanski

Jérôme Godefroy
3 min readJan 31, 2020

Roman Polanski est nommé 12 fois aux Césars du cinéma français pour son film « J’accuse ». Aussitôt, le choeur outragé des féministes ressurgit, mené par la secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa. Face à cette indignation hautement prévisible, on remarque à peine une voix qui soutient Polanski, celle de la seule victime avérée du cinéaste.

profil Twitter de Samantha Geimer

Dans l’affaire Polanski, beaucoup d’avis sont donnés sans aucune connaissance du dossier jugé. Il n’y a qu’un dossier. Le reste, c’est une série d’accusations formulées par une douzaine de femmes qui n’ont jamais porté plainte. La seule plainte déposée en temps utile et qui a fait l’objet d’un procès, c’est celle impliquant Polanski avec Samantha Geimer.

Elle avait 13 ans en 1977 quand sa mère la dépose en voiture dans la villa de Jack Nicholson (qui était absent) pour une séance de photos proposée par Roman Polanski et à laquelle la jeune adolescente avait consenti à se soumettre, avec l’approbation de sa mère. C’était même la deuxième séance de ce genre. C’est ce jour-là que le cinéaste abuse sexuellement de Samantha.

Les parents de la jeune fille portent plainte immédiatement. Cela restera la seule plainte déposée légalement contre Polanski qui est arrêté, jugé, condamné. Il purge sa peine. Mais, libéré, le juge menace d’organiser un second procès. En Californie, les juges sont élus. Celui-là était en campagne électorale. Il cherchait à se faire de la publicité sur le nom d’une célébrité d’Hollywood. Polanski prend peur, il s’enfuit. On connait la suite : un très long exil toujours en cours.

A noter que, contrairement aux approximations qui circulent, Polanski n’a jamais été condamné pour viol dans l’affaire Samantha Geimer. Il a été condamné pour « statutory rape », notion qui dans le droit américain correspond à la relation sexuelle (illicite) d’un adulte avec un(e) mineur(e).

Après la bronca récente provoquée par les 12 nominations aux Césars du film de Polanski, il est intéressant d’entendre ce que Samantha Geimer a en dire. Elle s’est immédiatement exprimée de manière très claire sur Twitter.

« Une fois encore, les films n’agressent sexuellement personne, mais la censure nous blesse tous. Nous devrions être reconnaissant pour toutes les choses positives que chacun apporte à la société, sans exiger des examens de pureté ou l’exil. »

Samantha Geimer avait publié un autre tweet la veille quand Polanski avait été récompensé par le prix Lumière :

« Ce serait bien si Roman pouvait recevoir une récompense bien méritée sans subir ensuite des mensonges éhontés à propos de ce qui s’est passé il y a 42 ans. Comme si un tribunal corrompu ne suffisait pas, je dois maintenant lire les fantasmes formulés par des gens sur ce qui me serait arrivé afin qu’ils trouvent une justification de leur haine. »

Sur Roman Polanski, outre les accusations tardives, circule un grand nombre d’approximations et de mensonges répandus le plus souvent par des gens qui ne connaissent pas les faits. Des gens qui d’ailleurs ne s’intéressent pas aux faits. Je préfère m’en tenir au témoignage de Samantha Geimer, la seule victime confirmée du réalisateur, une victime qui a pardonné depuis longtemps à son agresseur, même si elle reconnait que sa vie a été profondément marquée par cet épisode traumatisant.

Samantha Geimer ne cesse depuis des décennies de demander en vain l’arrêt des poursuites de la justice américaine contre Polanski. Elle prend toujours sa défense quand il est la cible de la haine irrationnelle. La sagesse et la dignité sont du côté de cette femme.

Jérôme Godefroy (janvier 2020)

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