Vieil homme blanc, gare à tes fesses !
Vieil homme blanc, gare à tes fesses, c’est ton passé qu’on confesse.
Un nouveau genre littéraire est né. Il est prometteur et déjà florissant. Chez les éditeurs, on houspille les comités de lecture : comment ça, vous n’avez pas encore déniché le récit par un témoin bien placé des turpitudes anciennes d’un senior célèbre et influent ? Ballet rose, ballet bleu, sur les amateurs de chair fraîche, vite un coup de balai !
Le maître étalon, si l’on peut dire, c’est Harvey Weinstein, archétype du gros dégueulasse. Mais nous avons également en magasin Roman Polanski, DSK, Woody Allen, Gabriel Matzneff et par ricochet Christophe Girard.
Le parfum de la semaine, le pervers du mois, le pourri du trimestre, c’est Olivier Duhamel. Cadeau du ciel ! Un politologue, roi de l’entregent, versé dans l’entrejambe ! Une grande conscience de gauche sombrant dans la concupiscence, quelle aubaine !
Il ne s’agit évidemment pas de tolérer et encore moins d’excuser les forfaits ignominieux de ces tristes sires. Le viol, l’inceste, la pédophilie ne sont pas des loisirs. Dès lors que les faits sont établis, ce sont des crimes.
Qu’il nous soit permis néanmoins de nous poser des questions sur la frénésie des dénonciations à retardement. La parole se libère, dit-on. Comme c’est commode. Le silence assourdissant entourant si longtemps ces tripotages ignobles n’est-il pas en lui-même un élément facilitateur, un sauf-conduit ? Sur les agissements d’Olivier Duhamel racontés par sa belle-fille Camille Kouchner, beaucoup de beaux esprits germanopratins étaient au parfum. Cela ne les empêchait pas, l’été venu, d’aller barboter sans scrupule dans la piscine accueillante du clan Duhamel-Pisier à Sanary. Nous avons la liste des baigneurs.
La propre mère de Vanessa Springora n’avait-elle pas de son côté encouragé la liaison entre sa fille mineure et Gabriel Matzneff qui n’a jamais caché, puisqu’il en a fait un livre et même plusieurs, son attirance pour “les moins de seize ans” ?
Les criminels libidineux doivent être pris la main dans le sac, pas trente ans plus tard. Il s’agirait d’appliquer davantage la loi et de faire des procès quand il en est encore temps et d’écrire moins de livres de souvenirs douloureux. Ce serait plus efficace et surtout plus juste.
Jérôme Godefroy (janvier 2021)